neige et glace

samedi 18 janvier 2020

Le Bonnet de l'Evêque et la Tête de la Cavale


C'était en janvier 2012, mon premier hiver à Grenoble, il y a 8 ans déjà.
Je découvrais le plaisir d'explorer la montagne enneigée et la descente qui va avec.
Surf sur le dos, raquettes aux pieds, j'étais inscrit à la section surf-alpinisme du Cafgo, les Guenilles. A l'affût de la moindre proposition, totalement mort de faim.



Je me rappelle bien ma première sortie avec le club. C'était à la Tête d'Oriol dans le Dévoluy.
Sortie panoramique mais pas mythique.
Je me souviens surtout de m'être dit : "Mais qu'est ce qu'on va foutre là-bas, si loin de Grenoble alors qu'on est entourés de montagnes enneigées autour de la maison? "



8 ans plus tard, je comprends pourquoi après avoir poncé les massifs autour de la cuvette, on peut avoir envie d'ailleurs. Et c'est vrai que ces derniers temps, je manquais de nouveaux projets dans mon massif favori, Belledonne.

En plus de donner les conditions de neige, Skitour permet de faire découvrir de nouveaux itinéraires. Il a suffi d'un patient qui annule sa séance pour que je lise plusieurs compte-rendus d'itinéraires dans le Dévoluy. Le massif se prête bien à des sorties hivernales, car il déneige vite. Et puis, découverte récente, le Dévoluy, ce n'est pas que les Chorums.



Après réflexion, on abandonne la cheminée du petit Obiou pour un itinéraire plus paternel, mais non moins intéressant, l'enchaînement couloir de l'arche du Malpasset et Tête de la Cavale par la face Sud.

Le lever de soleil dans le Vallon du Mas, me fait dire à Nico:
-"Mais qu'est-ce que c'est beau ici !
2 minutes plus tard
- Mais qu'est-ce qu'on est bien mon pote !
2 minutes plus tard
- Mais qu'est-ce que ça fait du bien de changer de massif !
2 minutes plus tard
- Mais il y a bien moins de monde qu'un dimanche au Col du Sabot"



Le mec qui n'écrit pas avec ses pieds dira plutôt: "Le Dévoluy a ceci de magnétique qu'il mélange cimes arrondies, vallées alanguies, combes fermées et donjons inexpugnables. Le Dévoluy est une version perdue dans l'espace des Dolomites."

J'ai pensé la même chose quand le soleil est sorti des falaises de la tête de Lapras alors qu'on remontait un vallon frigorifique au doux nom de combe de la prison.



 10 minutes plus tard, on passe du frigo au four.
Forcément à 11h, dans un couloir plein Sud de 150 mètres à 45-50°, il fait chaud.

Alors on transpire à grosses gouttes en se réjouissant de la moquette à venir.
Et heureusement que la neige est douce à skier car il penche un peu ce couloir. 150 mètres coté 4.3, c'est court mais c'est raide, surtout l'entrée !!
Finalement, là on regrette moins la cheminée du petit Obiou, cotée 5.2



La montée à la Tête de la Cavale par l'arête Nord nous amène rapidement au sommet d'une manière esthétique. Vercors, Chartreuse, Belledonne, Ecrins, Baronnies. Le Dévoluy, c'est panoramique!!
Et comme la vie est bien faite, la face Sud de la tête de la Cavale est à son tour en parfaite condition pour descendre à 13h. 4.2, 200 mètres à 40-45°. Les quelques degrés de moins font la différence. On peut se lâcher. Encore une belle coche pour la Viking Team.



Il reste encore quelques bons virages à faire en rive gauche du Vallon du Mas et on arrive à la voiture moyennant un ou deux déchaussages. 2100 mètres dans les pattes mais bien heureux de cette journée parfaite. On s'est pas levé à 4h45 pour rien et en plus Nico aura même le temps de prendre une douche avant d'aller chercher sa fille à la crèche. Elle est pas belle la vie ?














mardi 7 janvier 2020

Tricotage à la Pointe de l'Aup du Pont.



Quand à peine arrivés au col du Villonet, un type débarque du versant Nord avec les couteaux aux pieds, le projet de traversée Roches, Merlet, Bacheux par les combes poudreuses perd tout son intérêt. L’intéressé nous le confirme, c'est effectivement pas terrible dans les pentes froides. Alternance de neige travaillée par le vent et plaques de verglas.



Bon, bon, bon...
En plein courant d'air au col, il va falloir trouver un plan B rapidos entre deux cuillères de polenta, l'itinéraire de montée n'étant pas suffisamment raide pour transformer. On peut donc aller ni devant, ni derrière pour faire du bon ski. A notre droite, le Rocher des Trois Doigts n'est pas non plus très accueillant. Reste plus que la gauche alors.
Un petit coup d’œil à la carte nous confirme qu'on peut aller facilement aux Brèches de la Passoire. De la brèche, la possibilité de rejoindre la Pointe de l'Aup du Pont est plus hypothétique.



On met les skis sur le sac sous la brèche. Du coup, même si on ne peut pas aller au sommet, le nouveau sac d'Antoine aura été baptisé. Comme les crampons sont restés à la maison, on avance tant qu'on peut tailler des marches. Doucement mais surement, en suivant une vieille trace, le cairn se rapproche.
Et bah voilà, c'est le summit 2713m. Check mec !!



Bon et pour redescendre, ça se passe comment ?
De visu, ça a l'air plutôt raide (dans les 40°). Mais comme c'est le printemps en hiver, une pente soutenue plein sud à 2700, ça transforme bien. On peut donc skier détendu même si le premier virage de l'année est peu dur à enclencher. Plus bas la pente s'adoucit, on se lâche. La neige est super bonne. Alternance de poudre et transfo selon les contre-pentes. On arrive donc rapidement au replat de la Cave de Combe Rousse un peu décoiffé certes mais avec le sourire.



Nous décidons de remonter au col des Fontaines pour faire durer le plaisir.
Les jambes sont lourdes après une semaine bien chargée en skating mais on sait que la descente sera elle aussi en bonne moquette.
Pas manqué, ça skie à Mach 12 jusqu'à retrouver le fond de la combe, totalement inskiable.
Au moins avec 2100m de déniv' au compteur, on aura rentabilisé cette dernière section moins marrante de traversée de coulées d'avalanches en ski.



Voilà une façon originale de rejoindre la Pointe de l'Aup du Pont. C'est pas la plus directe mais c'est plus varié avec la section finale à pieds.