Je dois avouer que j'ai pris bien du plaisir à grimper le pilier NE aux Bans avec Loïc, le week-end dernier. Et même si c'était en chaussures d'approche et en corde tendue, ça m'a redonné envie d'escalade cette affaire.
Ça tombe bien, on était dispo avec Amel le week-end suivant et il faisait beau.
Reste plus qu'à trouver la voie.
J'aime bien ce blog de guides Suisses. Ça donne des idées de courses dans des coins qu'on connaît moins. Et voilà que je tombe sur un article récent décrivant une ligne bien d'chez nous, Danse avec le pilier sur l'Aiguille orientale du Soreiller. Une voie magnifique que j'avais grimpé avec Germain.
L'article parle d'une autre voie grimpée dans le week-end, Éthique de la joie en face Est de la Dibona. Tout aussi belle. Un coup d'oeil rapide au topo, 8 longueurs, 6a+ max.
N'ayant pas grimpé en salle, ni en falaise au cours des 8 derniers mois, se pose la question de mon niveau actuel d'escalade...
Mais sans aucun entraînement, les pas durs des 3 courses d'alpi estivales (Purtscheller, arête du soleil et pilier NE aux Bans) sont plutôt bien passées, alors 8 longueurs, ça devrait aller? Une descente déconseillée mais possible en rappel dans la voie confirme ce choix.
On fait le choix de faire la voie à la journée pour profiter du festival les Endimanchés à St Pierre de Chartreuse samedi soir. Ça promet une bonne journée dimanche, la route, l'approche, la voie, la redescente et la route du retour.
La première longueur donne le ton, 5C 42m 6 goujons. Le soleil brille, la grimpe est belle, le rocher solide et sculpté mais ça ne déroule pas, il faut regarder ou poser ses pieds et les longueurs font toutes au moins 40 mètres.
Comme je l'avais évoqué plus haut, un coup d'oeil rapide au topo donne 8 longueurs 6a+ max mais quand on lit un peu plus en détails, on remarque que la voie fait 330 mètres pour 8 longueurs, que les 6a sont contis et que malgré la nouveauté de la voie, les V sont de bon vieux 5 d'antan: en résumé cotations serrées comme sa voisine Visite Obligatoire. Le topo conseille d'avoir un peu de marge car les pas sont souvent obligatoires et les points espacés.
Bref, au premier relais, on comprend rapidement qu'au mieux la journée va être longue et qu'au pire ça sera la descente en rappel. En escalade, comme dans la vie, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuée.
Alors on prend chaque longueur une par une. On redécouvre la recherche d'itinéraire, la gestuelle dictée par le rocher et le plaisir de l'escalade sur le granit.
Mais aussi les petits moments d'hésitation sur le mouvement à faire dans le pas dur, les prises de pieds qu'on aimerait plus marquées, les avants-bras qui commencent à tétaniser et le doute sur notre capacité à faire le prochain mouvement.
En résumé, l'escalade, c'est beau mais c'est dur. Je suis pété, nom de Dieu, je vais lâcheeeeeeer !!
J'aime ce moment où, complètement focalisé sur l’enchaînement de mouvements que l'on est en train de réaliser, tellement concentré, qu'on en oublie le vide, le dernier point clippé, le mal aux pieds, le sac...
On donne tout ce qu'on peut pendant ces quelques secondes en apesanteur. Pour un grand soulagement une fois le crux passé. A ce titre, on se souviendra des petits pas coquins des deux premiers 6a+, de la belle écaille de L5 et des fameuses fissures rondes de L6 dont tout le monde parle dans les compte-rendus. Savoir verrouiller peut aider mais c'est pas cadeau pour autant !!
On arrive complètement cramé en haut de la dernière longueur dure. Heureusement qu'il n'y en avait pas une de plus. Cramé mais heureux de cette voie magnifique. Heureux car le but n'était pas loin.
Après 2 longueurs faciles mais embouteillées, deux rappels, un peu de désescalade et de marche, on arrive au refuge à 19h affamés. Un grand merci à la gardienne qui nous a servi un plat du jour délicieux et apprécié avant les 2 dernières heures de descente.
Départ à 5h30 de Grenoble, retour à 23h. C'était la belle bambée de l'été qu'on est pas prêt d'oublier. Bravo à Amel qui ne débordait pas d'énergie au réveil mais qui a assuré jusqu'au bout !!
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