lundi 17 août 2020

Un Banse au pilier NE des Bans

 

 -"Et combien de temps vous pensez mettre" ?

C'est LA bonne question que nous posent les voisins au diner ce soir à la table du refuge de la Pilatte.

 


-"Bonne question, je leur réponds, il suffit d'additionner les temps donnés par le topo"

-"Pour l'approche, la montée au sommet N, la traversée au sommet S, la descente de la voie normale et le retour au refuge par le glacier, la fourchette basse donne 2h+4h+30min+1h30+2h = 10h. La fourchette haute 2h30+6h+1h+2h30+3h = 15h".

Sachant qu'à la mi-aout, le glacier de la Pilatte n'est pas une autoroute, que les pauses, les temps de cramponnage/décramponnage ne sont pas comptés et qu'il faut rajouter 2 bonnes heures du refuge à la voiture...

J'avais dans l'idée que ça allait être une belle bambée, mais à cet instant, cette petite addition me le confirme.  

 

Heureusement après nous avoir conseillé sur l'itinéraire glaciaire pour accéder au pilier, la gardienne nous offre un diner bien copieux.

Au vu de la journée qui nous attend, le réveil à 3h n'est plus si choquant. Il y a du monde debout, on est trois cordées pour le pilier NE.

 La moitié basse du glacier est en glace vive et comme dans mon souvenir, assez tourmenté. Sur les bons conseils de la gardienne, on prend pied sur l'éperon rocheux pour arriver au dessus de la grande cascade. Quelques petites sections plus raides en glace vive, montrent les limites de mon système chaussures d'approches et crampons hybrides. En pointes avants, dans la glace dure, c'est un peu light...

 

La suite déroule doucement, contournement de crevasses, demi-tour, passage d'un pont de neige light. Pas aidé par une nuit d'encre, on arrive au pied du pilier NE des Bans à 6h. Étant donné l'état du glacier, l'attaque est plutôt confortable. Toute la quincaillerie installée au baudar, je passe facilement d'une petite plate forme de neige au rocher.

Les premières longueur me font regretter mes mitaines, mais ça ne rend l'arrivée du chauffage que plus agréable et heureusement le pilier prend les premiers rayons du soleil.

 

Comme annoncé par le topo, le rocher est magnifique et surprenant de solidité pour le massif. La grimpe, avec de bonnes prises de pied est très agréable en grosses. L'itinéraire assez logique, suit majoritairement le fil, avec quelques détours pour éviter des sections trop dures. Pas besoin de sortir le topo toutes les 5 minutes savoir si on est au bon endroit.

 

La fluidité de notre cordée avec Loïc rend l'escalade très agréable. Encordé à 30 mètres, on tire des grandes longueurs en corde tendue. Après 60 à 80 mètres de grimpe, le second a récupéré tout le matos et repars naturellement devant. Ces moments en second sont aussi agréables car ils permettent de grimper détendu sans se demander ou placer un friend car le dernier commence à s’éloigner ou de profiter du paysage sans se poser de question sur l'itinéraire. 

 

Ça déroule tellement bien qu'on arrive au sommet N en un peu plus de trois heures.

A 3669m, un Banse aux Bans, ça c'est fait ! Bien heureux de fouler ce sommet un peu délaissé des Écrins pour la première fois.

 

Souvent l'arrivée au sommet, signe la fin des difficultés mais pas aujourd'hui. C'est l'originalité de cette course. Le pilier n'est qu'une partie du programme. La suite, c'est une traversée d'arête jusqu'au sommet S. Pas difficile mais il faut rester attentif car le rocher est moins béton. Une cordée hétérogène peut commencer à perdre du temps. 

 

La descente de la voie normale qualifiée de "descente pas facile" par le topo reste dans le même thème, recherche d'itinéraire et désescalade. L'homogénéité de notre cordée, nous permet de ne pas tirer de rappels. Ça avance mais ça déroule moins qu'à la montée, les protections s'espacent parfois et même si l'itinéraire emprunte le meilleur rocher de l’éperon, on reste dans les Écrins... 

Comme on n'a qu'un brin de 50m, on continue encore un peu l'arête jusqu'à rejoindre la neige au col de Pilatte.

Ouf de soulagement. La course n'est pas finie mais cette descente était un morceau un peu sous-estimée ! 

Le retour par le glacier est beaucoup plus simple de jour. Mais la vue de certains ponts de neige sous un autre angle n'aide pas à se détendre. On est content de passer là à 13h et pas trois plus heures plus tard.

La perspective d'une bonne pause et d'une omelette au refuge nous donne du courage pour terminer cette descente qui inclue aussi une remontée d'échelles. Ça pique pas autant qu'après une belle journée autour de la mer de glace mais ça en a un petit goût !!

Totalement requinqué par une belle tortilla, les deux dernières heures pour rejoindre le parking sont longues mais sûrement moins que pour les autres cordées qui arriveront au moins 3 ou 4 heures plus tard...


bon topo mais vu l'état du glacier la photo date un peu...






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire