Je profite d'un dimanche pluvieux pour vous raconter un peu mon voyage vers Compostelle.
Comme vous le savez ou pas, je suis parti le 25 août pour la Galice. Je
suis parti à pied pour Saint Jacques de Compostelle.
De la maison ça fait 1800km avec les détours.
Wahou 1800km !! Me disaient les gens que je rencontrais en chemin. En fait ça passe vite 66 jours de marche.
Pourquoi ça passe vite ? Parce que c'est jamais pareil.
De
Grenoble, j'ai marché 2 jours pour atteindre dans le nord isère, le
chemin qui joint le Puy en Velay de Genève (pour les Suisses et les Allemands qui partent de chez eux).
Les premiers jours, pas de pèlerins à l'horizon, beaucoup partent du Puy.
Ces quelques jours en solo m'ont permis de rentrer dans la marche à
mon rythme, de découvrir des coins sympa à coté de la maison (genre les Chambarans),
de voir les massifs alpins se superposer puis disparaître
et de rencontrer les locaux. (privilège de la solitude, je me suis fait
inviter à prendre une douche puis l'apéro puis le repas ou une autre
fois un chocolat au bon lait de la ferme).
En me rapprochant du
Puy, je commence à croiser d'autres pèlerins Je marche de temps en temps
avec Etienne, un Suisse sympa, on se marre malgré les 40 ans qui
nous séparent.
Arrivé au Puy, changement d'ambiance, c'est même
marqué sur les bus, "départ officiel du chemin de Compostelle".
On passe de 10-15 marcheurs par jour à 150 départs quotidiens.
L'inconvénient c'est qu'on peut jamais pisser tranquille, l'avantage
c'est que la marche prend une autre dimension avec les rencontres. En
effet, on alterne les marches seul et les marches avec d'autres pèlerins
ou on discute beaucoup, 1 km a pied même après un mois de marche, ça
prend toujours du temps.
Là on s'est trouvé un bon petit groupe de
jeunes francophones
Sam le belge, Andréann, Myriam et Andrea les québécoises, Stella la suisse, Matthieu, Grégoire, Maithé et Thomas et Laurent les frenchys.
Idéal pour
se faire des bonnes bouffes ensemble dans les gîtes communaux
ou dehors comme des manouches (l'avantage c'est qu'en cas de besoin, les toilettes sont pas loin)
et pour
dormir dans des endroits insolites
grotte
église
salle des
fêtes, presbytère. . . mais surtout porche
"hey les gars, j'ai repéré un bon porche pour ce soir !"
Le groupe n'est jamais au complet, parfois on croise un pote dans la journée et on marche ensemble.
Parfois, on retrouve les potes en terrasse en fin de journée.
Y en a toujours un ou deux qui sont derrière ou qui vont dormir quelques kilomètres plus loin.
Bref, des rapports simples mais sympas et c'est toujours une bonne surprise de se recroiser
C'était cool et plus funky, car l'ambiance générale était plutôt à la
semaine de marche de groupes d'amis approchant ou déjà à la retraite en
pension complète dans les gîtes (autant dire ça se bousculait pas pour
dormir dans les chapelles et tant mieux).
En France, on passe par des
belles régions, Vellay, Aubrac, Gers.
Le patrimoine est classe
et
bien mis en valeur (Conques, Rocamadour) contrairement en Espagne.
On redécouvre en France, des choses qui font chaud au cœur, comme la bienveillance des habitants envers les marcheurs au long cours
un rafraichissement, un fruit, un repas, voir même une nuit offerte. . .
ça fait plaisir, ça donne confiance
Arrivé à la frontière ça
change complètement.
En France, on compte moitié français, moitié étrangers (plutôt
européens).
En espagne, il y a 10% de français et un sacré mélange de nationalités (en
plus des européens, des américains, coréens, brésiliens et encore pleins d'autes
origines)
Toujours dans la même ambiance de discussion, de partage
de repas
ou de morceaux de marche avec parfois des beaux hasards .J'ai
un peu lâché le petit groupe sympa avec qui je marchait en France, pour ne pas m'enfermer dans la francophonie, c'était d'autant plus agréable de se retrouver de temps en temps (et oui Grégoire, le mec qui a marché deux mois avec une guitare sur le sac, se lave les pieds tranquillement à la fontaine du village en Espagne)
Morceaux choisis
Je rencontre une suédoise juste avant d'entrer
dans Burgos. Elle me montre une variante d'accès pour éviter zones
industrielles et supermarchés (ce qui est marrant c'est qu'on commence a
discuter à 200m du croisement).
Arrivé en ville, je retrouve Peter, un pote hongrois avec qui j ai déjà
campé
c'est fête nationale, tout est fermé et il pleut, bien sur on a
rien en réserve à se cuisiner.
La bonne surprise c'est qu'a 25m de là ou je le croise, on tombe sur une
pizzeria ouverte, grosse orgie de pizza ensemble au chaud en regardant
la pluie tomber.
Quelques heures plus tard, je retrouve deux potes de la partie
française Sam et Andreann à l'auberge, nickel pour aller boire une bonne sangria.
Une autre fois, je marche la dernière heure avant Logrono avec
Alex, un espagnol croisé quelques jours plus tôt.
Il me fait visiter la ville et on retrouve Sam et Andreann (toujours les mêmes). On fête la fin de la marche d'Alex au bar, car
la spécialité du coin, c'est les pinchos. Sortes de tapas améliorées,
servies avec un verre de vin.
Tous les bars sont dans la même rue, ambiance garantie (un peu comme la
rue de la soif a rennes, mais en plus classe)
Ce qui est beau dans
ces rencontres, c'est qu'elles sont le fruit du hasard. On se téléphone
pas, on se donne pas de RDV, si on se recroise c'est tant mieux. Si j'avais pas
recroisé Alex 5km avant Logrono par exemple, je ne me serai sûrement pas
arrêté mais le destin en a fait autrement.
C'est aussi comme ça que
je me suis retrouvé a camper la nuit le plus froide du trip, car j'ai
passé la soirée avec une espagnole, un italien et une irlandaise qui
commençaient a cuisiner au feu de bois alors que je passais pas loin.
J'ai bien aimé les paysages secs et désertiques de la première moitié du chemin en Espagne.
Moins la Galice, un peu trop vert et pluvieux à mon gout !
Bref c'était une belle expérience de vie simple, toute la journée dehors, un grand sentiment de liberté, des rencontres, du sport, pas d'horaires, pas de stress et pas de facebook pendant 2 mois !
Tu te lèves le matin, tu fais ton sac et tu pars marcher
la belle vie quoi. . .