À la question pourquoi faire du dénivelé ? Il existe plusieurs réponses.
Gravir un sommet, visiter des vallons peu fréquentés, faire la première trace, avoir une vue panoramique, profiter d'orientations multiples, s'éloigner de la foule des classiques, faire monter le cardio et partager une belle bambée avec des potes...
Chacun a ses raisons mais c'est mathématique, plus le dénivelé augmente, plus le % de bon ski augmente aussi.
Par exemple dans les conditions de dimanche dernier, le Rocher Blanc fait 1870m de dénivelé pour 1000m de bon ski. On considère que sous la barre des 2000, c'est neige molle ou trafollée, traversée de boulettes et border cross.
Bref, ça descend mais c'est pas la meilleure partie de la journée.
La bella donna se mérite et c'est difficile d'échapper aux réjouissances des fonds de vallée : portage, forêt et neige variable.
Donc pour le Rocher Blanc, on est à 54% de bon ski. Si en plus, tu t'offres une belle descente en face Sud alors que la route du Glandon est fermée, c'est l'assurance d'un vallon désertique et d'une moquette lisse. Ça rajoute 750m de déniv' mais le ratio de bon ski monte à 65%. C'est mieux !
Bon, il ne faut pas oublier de préciser que dans la remontée de cette combe plein soleil en fin de matinée, il fait vraiment chaud. On peut pas tout avoir.
Si au lieu de remonter au Rocher Blanc une deuxième fois, pour rebasculer vers la voie normale, tu mets le clignotant à gauche direction le col de l'Amiante pour redescendre vers les lacs des 7 Laux, tu profites alors d'un vallon Ouest dont la rive gauche n'a pas encore vu le soleil et est restée bien poudreuse.
Avec seulement deux traces, il y a de la place pour faire se faire plaisir.
En comptant la remontée obligatoire au col du Mouchillon pour rebasculer dans la Combe Madame, on est à 2787m de D+ pour 68% de bon ski. Ça progresse doucement !!
Nous voilà donc au col du Mouchillon. Ne pas dire qu'une partie du groupe est farcie serait mentir. Alors qu'il nous suffirait d'enlever les peaux pour se laisser glisser jusqu'à la voiture, il faudrait des œillères pour ne pas voir le couloir NO de l'antécime W du Rocher Blanc.
Matthieu me demande ce qui me pose question par rapport à ce couloir.
La trace est faite dans une grosse moitié, les deux traces de descente en grandes courbes garantissent une bonne neige, le soleil rasant ne nous met pas la pression, la nivologie depuis ce matin est rassurante et il reste de la place à coté des 2 traces.
Bref, il est 15h et tous les signaux sont au vert sauf qu'on a 2800m de déniv' dans les pattes. Mais en montagne comme dans la vie, il faut saisir les opportunités qui se présentent.
Après quelques conversions, nous voilà donc skis sur le sac avec un grand sourire, ça va être le gavage. 20, puis 30, puis 40cm de poudreuse légère sur un fond sain.
Idéal pour monter sans trop brasser et incroyable à la descente.
Cette dernière rallonge de 400m fait monter le dénivelé du jour à 3185m et le % de bon ski à 72.
Derrière cette approche un peu arithmétique, se cache une partie de ma réponse à la question pourquoi faire du dénivelé ? J'aime gravir des sommets, j'aime découvrir des vallons loin de la foule des classiques, j'aime l'effort, j'aime les longues journées en montagne partagées avec les copains...
Mais surtout j'aime le bon ski !
Ça fait quelques hivers que je voulais repasser la barre des 3000 à la journée, mais pas n'importe comment. Merci les gars d'avoir partagé cette belle bambée !