A la base, le plan A était d'aller skier au Grand Paradis. Trop de monde. Plan B, le Mont Blanc ? Le créneau du lundi semble se réduire à quelques heures.
Traversée Caro-Evettes ? « Mais ma bonne dame, c’est complet depuis une semaine, hey oh c’est Pâques ! » Ah je viens de comprendre qu’on va abandonner les plans refuge gardé. Voilà comment on se retrouve au plan P comme Pelvoux ! Mais oui, la boucle Refuge du Sélé-Ailefroide Orientale-Refuge du Pelvoux-traversée du Pelvoux, était quelque part dans un coin de notre tête…
J1 : +1100m Montée au refuge du Selé.
A peine 250m de portage si on prend bien en rive droite !
Aller skier un glacier en refuge non gardé où il risque de pas y avoir de place, ça donne quoi ? Un gros sac avec une corde, un baudrier, le matos glaciaire, les crampons/piolet (et pas ceux en alus, c’est pas n’importe quel glacier!), un réchaud, du gaz, de la bouffe, et même un petit duvet et un tapis de sol… que du bonheur !
Avec un lever grass’mat, on arrive les derniers au refuge mais on est large, il reste encore de la place. Plein de gens sympas au refuge, et on se met à jouer des parties de Coinche enflammées…
J2 : +2150m Ailefroide Orientale + Remontée au refuge du Pelvoux
« Vous vous levez à quelle heure ? 4h ? Z’êtes sûrs ? » Oh, nous on va faire la grasse mat, lever 5h30 ça suffira bien ! On part donc dans les derniers, avec les italiens « ultra light » qui nous doublent (tellement light qu’ils ont un baudrier mais pas de corde). On monte tranquillement mais l’altitude nous empêche de forcer.
Passage près des séracs,
un passage en crampons.
Et on rejoint les autres groupes au sommet !
Yihaa…
On attend que la neige soit à point autour du pic-nique, et on descend les derniers…
que du bonheur… de la moquette sur plus de 1000m…
Pschittt les gerbes de neige !!
Après ce moment de bonheur intense, place au calvaire: remontée au refuge du Pelvoux sous le cagnard, sur un sentier déneigé et en chaussures de ski… Annoncée 400 à 500m de déniv, par le vendeur, il s’avère que c’est bien 700m qu'il faut remonter.
Ah ce Simon, quel bon commercial ;-) On ne dira pas qu’à la fin,avec Benoît, on a du tracer dans 50cm de neige humide, et qu’on a du faire 50m de dénivelé en… 1h, pendant que le commercial bronzait au refuge. Enfin nous y voilà, et alors que le refuge ne contient que 10 places, et bien nous sommes les dizièmes… si c’est pas beau…
J3 : +1300m Pelvoux par le Coolidge, traversée du Pelvoux
Driiing, il est 3h30. On est bien rodés maintenant, pendant que l’eau chauffe on prépare le sac… Allez hop c’est parti. Ça commence par une petite grimpette sur rocher mouillé en chaussures de ski, j’aime pas trop ça moi. Le temps que je couine un peu dans le passage, on s’est fait rattraper par un guide et son client (un breton du CAF de Lorient en plus !), et je sens bien que Simon est tendu. (NDLR: comment ne pas l'être ? Ils se sont réveillés 1/2h après nous et on est toujours à moins de 100m du refuge). Heureusement quand ils chaussent leurs crampons, on les redouble et l’ambiance se détend. Non mais !
La suite déroule bien, toujours crampons aux pieds jusqu’en haut du couloir Coolidge.
Entre l’altitude et le froid, la fin du couloir devient plus difficile et je vois la cordée du guide qui s’éloigne…
Première pause, j’enfile mes gros gants. Deuxième pause, j’enfile la doudoune. Troisième pause : j’ai plus rien à me mettre, bon bah pas de pause alors !
Arrivés au replat, on rechausse les skis pour arriver au Pelvoux !
Yihaaa bien mérité !
On traîne pas trop, et on commence la descente par le glacier du Pelvoux. Il y a des gros séracs partout, c’est ambiance mais ça skie large.
Pas la même sur le glacier des Violettes. « Ca passe là ? Euh… m’ouais je crois voir des traces ». Je n’ai jamais skié aussi près des séracs, c'est grandiose.
Par contre, mieux vaut être à l’aise sur ses skis car la chute est interdite. Autant hier, à l’Ailefroide on ne l’a pas vu passer l’expo 3, autant là je la sens bien sous mes skis...
Ça fait que tu skies un peu avec le frein à main…
A force de louvoyer entre les séracs, on se retrouve dans une impasse.
Une seule solution : tirer un petit rappel, s’encorder en mettant des broches régulièrement, pour accéder au replat… Bien contente d’avoir mes crampons de cascade, la glace est dure et cassante. Ouf… nous voilà enfin en bas et nous enfilons les skis.
Le
glacier, c'est terminé. On peut se lâcher, la moquette est bien
revenue, peut-être un poil trop même (il est plus de 12h, on a perdu un
peu temps avec ces manips), mais ça fait du bien de skier (normal). Puis
nous devons de nouveau déchausser, pour suivre du terrain à chamois
pour mon plus grand bonheur. Au détour d’une crête, nous rechaussons les
skis, et finissons la descente par la vire des militaires.
Enfin,
nous voilà au parking du Pré de Mme Carle skis aux pieds, les jambes
tremblotantes, et le sourire aux lèvres. Un vieux projet de coché !!
Je négocie une voiture-taxi qui
semble redescendre pour que Benoit aille nous chercher la voiture, au
top !
On
finit au bar de Vallouise avec Sylvain et Vincent rencontrés au Pré de
Mme Carle, à boire un coup, et surtout pour nous trois autour d’un
burger maison XXL pour les ventres affamés !! On l’a pas volé
celui-là !!
Compte-rendu : Amel