lundi 30 juillet 2018

Toujours plus haut au Tocllaraju, 6032m



Après notre ascension du Pisco, on n'avait pas de plans précis.
Refaire un trek, aller faire les touristes vers Cuzco ou grimper une autre montagne, tout était possible...

Un petit coup d'oeil à la météo, qui semble enfin avoir trouvé son rythme anticyclonique, et l'envie d'aller voir (toujours) plus haut, nous font opter pour le 3ème plan. Un autre summit.
Suite à notre but Népalais, on avait des ambitions raisonnables avec le Pisco.
Pas trop haut, pas trop dur et avec une bonne trace, svp !
Comme dit le proverbe, mieux vaut un sommet facile que pas de sommet du tout !

Quitte à refaire un sommet, autant tenter quelque chose de plus haut, ou de plus dur, ou même les 2...



On abandonne donc l'idée du Vallunaraju au profit du Tocllaraju par l'arete NW (AD+). 
En espérant passer la barre des 6000, sans trop de problèmes...

Le refuge de l'Inshinca est un peu loin du sommet du Tocllaraju pour y aller en "one push". 1700 D+ avec un final à 6000m, les ingrédients sont là pour se mettre mal. Mais ça se fait, j'en ai croisé !

Ca veut donc dire Camp d'altitude, donc rajouter au sac du Pisco déjà conséquent: tente, réchaud, popotte, bouffe, pieu à neige, piolet technique et quelques mètres de corde en plus...



On passe d'un bon 15 à un bon 25 kg...
Donc ça veut dire: on veut une mule svp !

Voilà de quoi occuper pleinement une journée de repos à Huaraz. Location du matos manquant, organiser le rdv avec le muletier, faire 3 courses et trouver 60m de ficelou...

Après le trajet combi puis taxi, on retrouve Clemente, le muletier à Pashpa.
Forcément les 3h30 d'approche passent mieux quand la mule nous soulage de la moitié du sac. 



La vue sur la belle pyramide du Tocllaraju dans l'axe du vallon nous accompagne la dernière heure de montée.
"C'est ça qu'on va grimper?"
"Et ouais, ça a d'la gueule!"



Le refuge est posé sur le côté d'une grande plaine entourée par l'Urus, l'Inshinca et le Tocllaraju.
3 sommets à la difficulté croissante.
C'est pas Ailefroide l'été mais l'endroit est prisé des alpinistes.

Les mules ne montent pas plus haut. Clemente nous refile le matos et on se donne rdv dimanche matin pour la descente.
Là, on se dit que si on veut avoir une chance de cocher le sommet après demain, il faut qu'on trouve un porteur jusqu'au camp d'altitude, situé 700m au dessus du refuge.
Sinon on risque de griller des cartouches.



Au refuge, ils ne peuvent pas m'aider, je vais donc voir les 3 seules habitantes du plateau, une mère et ses 2 filles qui vendent une bouteille d'eau et 3 canettes.
Les maris des filles ne sont pas là mais elles se proposent pour prendre leurs places.
Au top, on s'entend sur un prix, elles se partagent le salaire et la charge. C'est parfait, on fait marcher le commerce local et on est tout à fait dans l'ambiance du Gfhm !!

Le plat de pâte du refuge nous réconcilie avec les italiens. 
Comme au Pisco, Amel est pas au top ce soir, mais comme souvent, ça va mieux dans l'action.
On part donc avec Norma et Dyonicia ce matin. Elles ont l'air toutes contentes de ce petit boulot et nous distancent rapidement.



On les retrouve à 5000m où le sentier fait place à la neige. Muchas gracias senioritas !!
Amel est contente d'employer les filles du coin, les filles ont le sourire et s'initient à l'alpinisme en sandales chaussettes dans la neige et moi je suis content d'avoir divisé le poids de mon sac par 2...



On pose la tente, car comme dit le proverbe, mieux vaut dormir quelques heures à 5000 que pas du tout à 5300.
Aprem classique d'un camp d'altitude, trouver de l'eau, manger, boire, dormir. En faire le minimum et se protéger du soleil. La belle vie quoi !

Samedi, Summit Day !!
On chausse les crampons à 50 mètres de la tente un peu avant 3h.
Il fait étonnement pas froid et la grosse doudoune retourne rapidement dans le sac.
La montagne est étonnement vide ce matin alors c'est la lune qui nous accompagne et permet de voir un peu plus loin que le faisceau de la frontale. Ça commence tranquille avec de la marche sur glacier. On se sent bien, le rythme est bon.



Premier coup de cul, une pente à 50-55°, on apprécie le 2ème piolet.



On prend pied sur l'arête avec les premières lueurs du jour, mais aussi un petit vent bien frais.
"Attends je mets les chaussettes chauffantes en route" me dit Amel.
Encore un ou deux coups de cul, histoire de sentir qu'on a passé les 5500 et on arrive au pied du champignon terminal.



C'est là que ça se corse, "Hey, dis, ça a l'air raide ? Par où ça passe" Une première longueur de 30m en III. La glace est aérée, et une fois parti, je me demande pourquoi j'ai pas pris les 2 broches d'Amel en plus des 2 miennes.
Premier relais sur pieu à neige. Ça chante comme un piton et ça a l'air de tenir...
S'en suit une traversée facile vers la droite. Jusqu'au pied du dernier crux.



"Ça a l'air d'être au dessus, mais ça grimpe..." 10 mètres en III+ dans de la bonne glace et une sortie en neige raide heureusement protégée par un pieu en place.
On ne s'attendait pas à faire de la glace à 6000, mais c'est la classe !!!



À la sortie de la dernière longueur, on débarque à 50m du summit.
Yehaaaaa, c'est notre premier 6000.



Tout seul sur la montagne, ça rajoute de l'ambiance. On est super content d'être là et d'avoir réussi l'ascension tous les deux à notre façon.
Petit serrage de fesse lors du rappel. Finalement j'ai bien fait de remplacer un 2ème brin de 60m par du ficelou. Ça fait quelques kilos de gagnés et ouf le test est concluant: on récupère notre corde avec le sourire. 



La descente est l'occasion de découvrir par où on est passé ce matin et surtout de boire et manger. Avec le froid et dans l'action, on a été léger sur le ravito.
De retour au camp d'altitude, tout le monde nous demande des infos. On a encore du mal à réaliser qu'on est les seuls à être montés là-haut aujourd'hui...
Reste plus qu'à déplacer le camp, 700m plus bas, au niveau du refuge et s'envoyer un gros plat de pâtes, bien au chaud.

Un grand bravo à Amel qui comme d'hab, est allée au bout d'elle même, pour arriver au sommet. 
Malgré le froid, la fatigue, l'altitude, elle a tout donné, une vraie championne.
Après la Meije, Grépon-Mer de Glace, on pourra rajouter le Tocllaraju à la liste des ascensions qu'on est pas prêt d'oublier...



Tocllaraju pratique :

Location matos (agence Andean Kingdom, en face de la casa de guias). 
20 soles/jour pour un brin de rappel récent. 
20 soles/jour pour une paire de piolets techniques corrects.
3 soles/jour pour un pieu à neige.

Combi pour Paltay 2 soles/pers. Départ au Jr Simón Bolívar.
Puis taxi pour Pashpa 30 soles (à partager)

Mule
50 soles muletier et 30 soles la mule.

Porteuses
90 soles jusqu'à 5000 pour 20 bons kilos.

Refuge Inshinca:
3h30 d'approche 
99 soles en 1/2 pension. 
45 la nuitée
Prévoir un duvet léger.
Multiples spots de bivouac autour du refuge.
Bon camp de base pour l'Urus et l'Inshinca.




4 commentaires:

  1. Yo trop classe, avec la petite saveur locale, mules et porteuses fluos, félicitations pour le 6000. Thumbs up. Louis

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  2. Encore une belle expérience à votre actif. Bravo les p'tits loups, vous êtes "balèzes".
    Gros bisous

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  3. Bravo pour cette course réussie et ce magnifique sommet
    J'y étais il y à 3 ans , nous avions eu beaucoup de mal à franchir le dernier champignon , finalement passé en le contournant par la droite , et après une dernière longueur bien expo !!!
    Que de beaux souvenirs ...

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    1. Et oui, on s'attendait pas à trouver de la glace. Mais au moins ça protège.
      Content que ça te rappelle des souvenirs...

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