vendredi 26 octobre 2018

Pico de Fogo, approche en voilier



L'approche en voilier depuis Santiago n'est sûrement pas la plus efficace mais assurément la plus dépaysante.
Surtout quand elle dure une semaine...

Ça permet de découvrir le Cap-vert en douceur et d'approfondir son expérience de la voile, qui s'était arrêtée pour ma part, au niveau 4.20 à l'époque bretonne.



La vie en bateau, c'est la vie à la cool et c'est bien en accord avec la devise locale:"No stress Cap-Vert".
Cette atmosphère est particulièrement détendue à Brava. C'est l'île la plus à l'ouest des îles du Sud. Le genre de bout du monde, un peu oublié où la moitié du village est posée à regarder ce qui se passe (c'est a dire pas grand chose), où le passage d'une voiture est un événement "occasionnel".



On fera quelques randos pour prendre un peu de hauteur mais aussi du pmt, pour voir ce qui se passe sous le niveau 0.
Fajá de Água restera mon meilleur souvenir avec des beaux tombants, plein de poissons colorés, une murène, une tortue et assurément un manque trop rapide d'oxygène.



On retrouve plusieurs similitudes entre la mer et la montagne.
Comme chez nous, c'est la météo qui dicte le programme. "Aujourd'hui le vent est favorable pour naviguer vers cette île, demain on va aller se planquer à ce mouillage pour se protéger d'une tempête tropicale en approche, là c'est pétole du coup, on peut sortir les kayaks ou le fusil."
Ici aussi, on check la météo assez souvent pour faire plein de plans avant de s'apercevoir que ça a encore changé...
On pourrait même comparer un mouillage agité à un mauvais bivouac, le matelas est confortable mais ça bouge beaucoup plus.
En terme d'intimité, on se rapproche du dortoir de refuge, tendance hivernale pour l'espace de vie, la chaleur en plus. Petit mais ultra optimisé. Chaque banquette, chaque dossier, chaque espace libre cache un rangement.



Les premiers jours, le temps que le corps s'habitue à cet environnement qui bouge en permanence, on est un peu stone, comme lors d'une montée trop rapide en altitude. On se met facilement en mode No stress Cap-Vert.
J'ai pas testé mais un bon mal de mer, doit autant calmer que la version des montagnes, que je connais.
L'alpiniste, comme le marin trouve ça normal de partir en pleine nuit pour profiter de bonnes conditions ou arriver de jour au mouillage.
Et comme dit le capitaine, un montagnard même si il n'a jamais navigué, connaît déjà quelques nœuds de base.



Après ces quelques jours paisibles à Brava, on pose l'ancre à Fogo pour gravir le Pico de Fogo. Le sommet du Cap-vert domine la mer de ses 2829m. C'est un volcan bien pointu comme dans les livres.
La montée en taxi a quelque chose de déprimant, on quitte la mer et on rentre progressivement dans les nuages, qui sont de plus en plus denses. L'air est humide, on voit pas à 50 mètres...
Mais heureuse surprise, 2 virages avant d'entrer dans la caldéra, on passe au dessus de la mer de nuage et on découvre le Pico qui nous domine de plus de 1000 mètres. Un beau cône, bien rectiligne, magique.



La traversée de la caldéra (l'ancien cratère), nous permet de saisir l'ampleur de l'éruption de 2014. La route à été coupé et la nouvelle (piste), contourne des murs de lave de plusieurs mètres de haut. Un petit tour dans le village confirme cette sensation d'impuissance face à la nature. Des maisons sont complètement enterrées, d'autres en partie remplies de lave.

Face à une nature aussi coriace, on se doute que pour habiter dans un volcan, les habitants doivent être un peu têtus, sinon résignés...
Ils ont reconstruit le village au même endroit, parfois sur le toit de leur ancienne maison, parfois avec 2 mètres de lave sur la terrasse, voire même, en dégageant la porte d'entrée et en vivant sous le niveau de la coulée...
On a pas compris pourquoi personne était allé s'installer sur le coteau pourtant si proche.
 


Le lendemain, la balade commence en douceur dans les vignes. Le contraste entre le vert des feuilles et la pouzzolane, ce sable noir volcanique omniprésent, est renforcé par la douce lumière du matin.
On discute bon train et on laisse passer l'intersection. Faut faire bosser les guides locaux, alors ici pas de balisage, ni cairns.
Heureusement, on s'en aperçoit rapidement grâce à Maps.me. Le sentier est peu marqué mais on prend de la hauteur dans ce paysage 100% minéral. Quand ça se redresse, pour pas brasser dans le sable mou,  tout le monde passe au même endroit et on retrouve une petite sente en zigzag.



Le dernier tiers est plus rocailleux, parfois on perd le sentier, et là, y a plus rien qui tient. 
On arrive au bord du cratère, des petites fumerolles et ça pue l’œuf oublié, pas de doute on est dans un volcan !
Encore un petit effort pour atteindre le sommet, le fort vent se charge de l'ambiance. Puis on continue à longer le cratère jusqu'à l'aplomb du petit Pico, le responsable du grand bordel de 2014.



Après 200 mètres de descente dans un terrain plus ou moins stable, on arrive à la pouzzolane. En acceptant de se remplir les chaussettes, on peut dévaler en courant 600m de déniv' droit dans la pente en quelques minutes. Tout à fait grisant.



On termine la journée au petit Pico. C'est la rainbow montain du Cap-vert. Le retour au village est agréable, on discute avec le guide croisé ce matin, on bouffe des grenades abandonnées entourées de coulées de lave plus ou moins récentes et d'aspect différentes, du bloc de sel au bourlet d'Américain.
Une belle boucle tout à fait recommandable pour gravir le sommet du Cap-vert.



Pico de Fogo Pratique
On peut envisager l'ascension sans guide si on a un minimum de sens de l'itinéraire (le chemin n'est pas toujours bien marqué et parfois se perd). Il n'y a pas de balisage.
L'itinéraire est tracé sur Maps.me. Quitter la piste juste avant une petite case ronde avec toit pointu et pergola en bois. Le sentier démarre à droite.
Il y a un alluguer qui part de Sao Philip pour Cha de Caldera vers 11h30. Sinon prendre un taxi (6000 escudos).
Pour redescendre, un alluguer part de la caldera à 6h du matin, si on veut partir plus tard, privatiser et partager avec les pensionnaires de l'hôtel.
Comme au Pérou, on check la météo sur mountain forecast. Avec plus ou moins de précision, effets de site fréquents.






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