Après
un premier raid à ski il y a 2 ans, on continue d'explorer les
Cerces en famille. Ce massif délimité au nord par la Maurienne et
au Sud par la Guisane (Serre-Che pour les nuls) est taillé pour le
ski de rando. Une vingtaine de sommets au-dessus de 3000, des cols
qui passent bien souvent en ski, des orientations multiples, pas trop
de plat et des refuges gardés en hiver.
Cette
année, l'itinéraire nous fera découvrir le nord du massif.
La
voiture garée à St Michel de Maurienne, c'est le bus qui nous
dépose à Valmeinier. Ainsi, le raid à ski pourra se terminer à
Val Fréjus, à Bardonecchia en Italie ou ailleurs Inch'allah.
Contrairement à Tignes, on quitte rapidement les pistes de la
station pour monter la face Nord du petit Fourchon. L'idée, c'est de
basculer en sud pour rejoindre le refuge de Terre Rouge. C'était le
plan de base jusqu'à ce qu'on fasse la trace dans une belle
poudreuse tassée.
Du
coup, après avoir posé quelques affaires sous le sommet, Antoine profite
de cette poudreuse surprise et de notre trace de montée une deuxième
fois.
Bien
posés au pique-nique, sous le petit Fourchon, la face Nord-Ouest de
Roche Noire fait envie. Deuxième dépose de matériel après
quelques bons virages plein Sud en moquette.
Le
haut de la face a pris le vent, on renonce au couloir Nord. Mais en
montant au col à gauche du sommet, on s'aperçoit que l'arête Nord
est tracée. Parfait, pas besoin de brasser pour rejoindre Roche
Noire, notre premier sommet du raid à 3067m.
A
la descente, il faut naviguer pour trouver les zones frisées,
synonyme de bonne poudreuse. Et
toujours personne dans le vallon à part le delta qui passe pour la
10ème fois de la journée en rase motte au-dessus de la crête des
petits et grands Fourchons.
Il
nous reste plus qu'à repeauter 100 mètres pour rejoindre le Refuge
de Terre Rouge.
Accueil
maternel, tendance mère supérieure, qui se détend pendant la
soirée. Le refuge est tout neuf et super confortable. Les lasagnes
sont bien appréciées après 1800 mètres de dénivelé.
Hier
soir, le jeune aide-gardien nous avait conseillé un itinéraire bis
pour rejoindre le Mont Thabor. Ça commence par une montée en face
Ouest de la Pointe de Terre Rouge. Premier passage à 3000 du jour.
Et comme c'est bien organisé, ça bascule en face Est. Poudreuse ou
moquette selon l'orientation des contre-pentes.
La
neige est bonne mais à un moment il faut s'arrêter si on veut pas
terminer au refuge des Marches. On remet les peaux contents de cette
première descente. C'est à ce moment qu'on retrouve le couple avec
qui on a dîné hier soir au refuge. C'est donc un petit groupe de 4
qui se dirige vers le couloir des Modanais en face Nord du Mont
Thabor.
La trace est parfaite et la montée efficace dans une neige
tassée.
Depuis
mon dernier passage, il y a quelques années, la chapelle au sommet
tombe en ruines. La vue, elle, est toujours aussi panoramique.
La
descente sur le lac blanc dans une large combe entourée de deux
arêtes effilées est en neige transformée. Elle se termine 800
mètres plus bas au lac Lavoir.
C'est
le moment de choisir la rallonge de l'après-midi. Le cirque des lacs
de la petite et grande tempête a souffert du vent. On se dirige, le
sac allégé vers la face Ouest de la Pointe de l'Enfourant. Une
belle pente à 30/35° qui semble en bonne neige. Impression
confirmée pendant la 3ème et dernière montée du jour. Encore des
bons virages.
De
là, il n'y a plus qu'à se laisser glisser jusqu'au Refuge Re Magi.
Belle façon de terminer la journée que de traverser, skis sur
l'épaule le hameau endormi des Granges de la Vallée Étroite.
Tchao,
bonjour ! Ici c'est plus vraiment la France et pas encore l'Italie.
La vallée Étroite est une vallée franco-italienne. Le haut de la
vallée est français depuis 70 ans, le bas italien depuis toujours.
L'hiver,
le col de l'Échelle fermé, ce joli cul de sac est uniquement relié
à l'Italie.
On
se plaint pas de l'accueil italien après 1800 mètres de dénivelé.
Apéro partagé avec les jeunes du CAF de Lyon, antipasti,
polenta-saucisses, tiramisu et limoncello. Grazie Mille.
Hier
après-midi, c'est à proximité du sommet de la Pointe de
l'Enfourant que s'est imposé le programme du dernier jour.
Roche
Bernaude est le point le plus occidental de l'Italie (sur la
frontière), ce sommet est le point culminant du chaînon des Rois
Mages à 3222 mètres.
La
montée est crescendo. D'abord sur le plat dans le fond de la Vallée
Etroite puis ça se raidit à partir du Pont de la Fonderie.
Vers
2400, la pente dépasse les 30° puis les 35° vers 2700 au niveau de
l'étroiture.
Les skis sur le sac, le fréro continue à monter en crampons
dans une belle ambiance dolomitique.
Le haut semble très rocheux,
mais un petit couloir à 40-45, jusqu'alors invisible nous permet de
rejoindre le sommet directement.
Bien content de finir en beauté ces trois jours à la cime du
deuxième sommet du massif des Cerces. Mais, on sera plus détendu
quand on aura skié le couloir Sud (4.3 E4).
Depuis
ce matin, le vent souffle. Alors après une heure posés là-haut, il
commence à faire frais.
Grâce
à son orientation plein Sud et à son inclinaison, le haut à bien
transformé. Heureusement sinon c'était descente à pieds. Petit
cours de virages sautés
On
reste concentré vers l'étroiture car avec le vent et
l'encaissement, la neige est restée dure. Plus bas, la rive droite
nous offre une belle neige transformée.
Antoine se lâche pour la
deuxième partie de la descente. Un sourire et un gros check en bas
de cette belle ligne de 900 mètres partagée entre frères. Il nous
reste plus qu'à recharger le sac et à monter au col de Fontaine
Froide pour basculer vers Val Fréjus. Le vent qui nous refroidissait
au sommet nous empêche de fondre dans cette montée plein Sud.
On
enlève les peaux une dernière fois et il reste même quelques
virages en poudreuse avant de rejoindre les pistes.
La
retour en stop à St-Mich sera l'occas' de rencontrer les locaux mais
aussi de se rendre compte que même avec un gilet jaune sur le
tableau de bord, la solidarité c'est pas gagné !!
Ce
raid à ski peut s'adresser aussi aux gens sales. En effet, les
refuges de Terre Rouge et Re Magi sont équipés de douches.