jeudi 3 décembre 2020

Le grand huit de l'Alpe d'Huez

 

 Il fallait être motivé ce matin, au moment de quitter la douceur d'un intérieur chauffé. Mon compteur affiche 3°C, l'humidité est telle que la route est trempée comme un jour de pluie et la visibilité limitée à une centaine de mètres.

L'objectif de la journée est de sortir de la cuvette, passer au-dessus de la mer de nuages et profiter du soleil sur les petites routes de l'Oisans. Pour l'instant, je suis bien dans la crasse et le thermomètre se rapproche de 0°C. Heureusement, cette première montée pour Villard Reculas réchauffe bien, sauf le bout de mes doigts qui réclament des gants plus chauds.

Quelques épingles plus loin, alors que la visibilité est de plus en plus faible, je découvre que le compteur peut aussi afficher des températures négatives ! Reste plus qu'à appuyer sur les pédales pour compenser la chute du mercure.

 


Sortir de la mer de nuages est toujours un moment magique en montagne. En quelques minutes, on passe du brouillard à une vue dégagée. De l'ombre à la lumière. Du froid humide à la douceur du soleil d'hiver. La transition est si rapide, qu'elle s'accompagne toujours d'un grand sourire et parfois d'une envie d’hurler au monde sa joie d'être là !!

Voilà comment une banale épingle à cheveux se transforme en spectacle avec l'apparition de l'envers de Belledonne et du Rissiou.

On est le 29 novembre et la montagne est totalement sèche, l'anticyclone du confinement, comme au printemps nous a nargués pendant plusieurs semaines. C'est mal engagé pour le ski, mais idéal pour le vélo si on accepte la présence d'une sacoche de selle contenant des épaisseurs pour la descente. Et ça c'est pas gagné dans l'esprit du cycliste, qui aime le carbone mais pas les sacoches. Light is right !

Malgré la proximité avec les immeubles de l'Alpe d'Huez, Villard-Reculas est un beau village de montagne avec ses chalets en bois éparpillés sur un coteau au soleil. Encore quelques coups de pédale pour rejoindre le pas de la Confession, point de bascule de la route vers Huez. Jusque là, tout va bien, il fait doux, je mange un morceau en regardant le Bourg d'Oisans noyé dans les nuages.

 

La prévoyance n'étant pas une de mes qualités premières, j'attaque la descente couvert mais avec la doudoune et les gants chauds dans la sacoche. Voilà comment je repasse dans le smog en grelotant. Heureusement, à partir de la Garde, la route remonte en direction des balcons d'Auris. Un des beaux passages de notre GTA estivale.

 

C'est quand la route devient étroite et accrochée à flanc de falaise que je retrouve le soleil, le sourire et le bout de mes doigts. Deuxième moment magique de la journée !!

Arrivé au barrage du Chambon, clignotant à gauche pour la dernière du jour, les 944m de montée du col de Sarenne. C'est une magnifique route pastorale comme on en trouve plusieurs en Oisans. D'un revêtement inégal, elles sont idéales en montée à vélo car peu fréquentées par les voitures. 

 

Après avoir traversé les jolis villages de Mizoën et Clavans, la route se redresse. Plus on monte et plus la vue sur le plateau d'Emparis et la face nord de la Meije se dégage. Ce panorama qui rappelle des souvenirs, m'aide à arriver à 1999m au col de Sarenne, point d'orgue de cette journée remarquable.

 

Le versant Alpe d'Huez du col est tout aussi beau. Et comme pour en profiter un peu plus longtemps, la route reste à flanc de montagne un long moment avant de plonger dans les 21 plus célèbres virages de la planète cyclisme.  

 

Après ce deuxième confinement et avant l'arrivée de la neige deux jours plus tard, cette belle boucle a comblé mes envies de grands espaces, de soleil et d'effort. C'est ainsi que je repasse sous le couvercle quelques virages après Huez, bien couvert mais avec le sourire pour un moment.


Stats : 83km D+2545m

 




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