lundi 25 février 2019

Dent de Crolles par le Pas de l'Oeille




Par moments, je me demande si l'automne dernier n'était qu'un mauvais rêve.
Et pourtant, je me rappelle bien de mon dernier passage à la Dent de Crolles. 



C'était mi-septembre et les prévisions n'étaient pas bonnes. Une tempête était annoncée, la plus grosse que je n'avais jamais affronté.



J'étais là-haut au pied de la croix, avec une vue magnifique sur Belledonne, à me demander à quelle sauce, j'allais être mangé. 



Ça serait mentir de dire que je n'avais pas peur. Je n'avais surtout aucune idée de comment j'allais passer la tempête.



Alors forcément, il y a de l'émotion cinq mois plus tard, dans la montée au pas de l'Oeille.
Mais cette fois, la tempête est passé, elle a été moins destructrice qu'imaginée. La santé est revenue, les larmes séchées, les pensées positives. Place au sourire.



Descente concentrée, mais cette fois, je sais à quoi m'attendre.
Profitons de la vie, on en a qu'une !






samedi 23 février 2019

Trois jours en Vanoise autour de la Pointe de la Sana.


Le tour de la Sana, c’est un raid à skis de trois jours dans le Parc national de la Vanoise au départ de Tignes.
Les dénivelés de la boucle de base sont raisonnables, moins de 1000m par jour, mais avec un peu de distance.
Le tour peut être pimenté avec des variantes alpines, raides ou les deux.

Pour nous, ce sera le tour de la Sana par les belles pentes...



On ne peut pas dire que le début de la première journée ait été très palpitant. 

Parking gratuit complet, montée sous un télésiège puis le long d'une piste bleue qui n'en finit pas. Le tout avec un sac qui a du mal à se faire oublier.
Arrivés au col de la Leisse, le groupe tourne le dos à Tignes pour rentrer dans le parc National de la Vanoise. Changement  d'échelle, changement d'ambiance.



L'imposante face Sud-Est de la grande Casse se découvre juste avant l'arrivée au refuge de la Leisse. C'est sympa les refuges non gardés, parce que c'est toujours la surprise quand on arrive. Est ce que le gaz fonctionne ? est ce qu'il y aura de la vaisselle ? des couvertures ? du bois ?

Comme prévu les refuges du Parc sont au top, gaz, vaisselle, couverture et le luxe, il y a même de la lumière.

La montée au col de Pierre Blanche nous fait hésiter. Ça a beaucoup soufflé et la neige est irrégulière. Ça sent les virages carrés. Du refuge, la face Nord-Est des Pointes de Pierre Brune nous faisait de l’œil. On trouve une poudreuse inespérée en remontant dedans.



Cette première descente nous sauve la journée. Et en choisissant le bon itinéraire, Cécile fait voler la poudre jusqu'à l'altitude du refuge.



Dernière petite remontée avec une belle lumière du soir, c'est l'avantage d'arriver à 17h30 !
Mais la journée n'est pas finie. Il faut faire fondre de la neige, allumer le poêle et couper le saucisson.



La lune se couche et le soleil se lève. C'est l'heure de se mettre en route. 



On croise des vieilles traces en montant vers la Pointe du Charbonnier, mais personne à l'horizon.



 Juste nos godilles de la veille. Encore quelques conversions au frais sur le glacier de la Leisse pour rejoindre l'arête Ouest de la Pointe de la Sana.


 
 Yann passe du frigo au four. En tee-shirt à 3300 un 21 février. Tout est normal. 



L'arête est belle, facile mais esthétique et a juste été parcourue par des animaux. Cécile, Véro et Yann suivent leurs traces skis sur le sac et crampons aux pieds. L'altitude freine la progression mais on a tout le temps de profiter d'un panorama du Mont-Blanc à la barre des Écrins.

On a aussi bien le temps de regarder la face sud des rochers de la Sauva à notre main droite. Une belle pente de 250 mètres qui plonge à 40°.
J'y plante mon bâton de temps en temps et ça a l'air plutôt bon. 
Petite hésitation à l'antécime de la Sana. Summit ? Face Sud ? Face Est ?
Qui veut faire quoi ?



Les premiers virages confirment notre bon choix. La face sud est en bonnes conditions. 
La neige transformée comme il faut.
C'était pas du tout prévu mais le timing est bon.



Un petit crochet en bas de la face pour éviter les barres et y a plus qu'à se laisser glisser jusqu'au refuge le sourire aux lèvres. En plus d'avoir utilisé tout le matos qu'on avait dans le sac : baudrier, crampons, piolet et corde. On vient de rider une belle ligne. 



Forcément après ça, c'est dur de repartir. D'autant que les alentours ont l'air bien soufflés. Et puis on est tellement bien calés au soleil sur la terrasse du refuge.



Mieux là qu’à Pôle Emploi, hein Seb !

Plus de monde et moins de lumière ce soir au refuge mais le poêle crépite et l'ambiance est bonne. L’équipe trouvait les sacs pas légers, mais a priori, c’est toujours mieux que les Hollandais qui portent de quoi planter la tente sur la neige ou les snowboardeurs qui ont préféré le pinard à la nourriture. 
 


Ce matin, c’est réveil en douceur. La trace est faite, le soleil nous réchauffe rapidement, la pente est régulière.
Le plan, c’est de monter au col des Barmes de l’Ours et de basculer en Nord sur le glacier du même nom.
Hier, on avait délaissé la Pointe de la Sana pour la belle face Sud des Rochers de la Sauva. C’est pas aujourd’hui non plus, qu’on ira au sommet. Trop de vent.


 
La journée continue en pente douce sur le glacier. En zigzagant, il reste de la poudreuse.

Au moment de remettre les peaux, je ne suis pas le seul à loucher sur la face Est de la Pointe du Grapillon. Ça a l’air beau cette affaire. Plus court (150 mètres) mais plus raide qu’hier (un bon 45). Allégés de quelques chaussettes sales, on remonte cette belle face entourée de deux éperons.



Quand ça ne passe plus à ski, Yann les met sur le sac et c’est parti pour 200 mètres à pieds. L’ambiance est là, le vide se creuse. 
 


Il y a comme de la tension dans l’air au moment de chausser. Vu du haut, ça fait de belles lignes de fuite. 



Mais finalement, chacun dans son style, tout le monde assure dans la descente. Bravo à tous !

Gros pique-nique au soleil, plus bas que prévu, à cause d’un ski qui ne voulait pas arrêter la descente ici.
De là, on rejoint la civilisation mécanisée et ses vagues de skieurs multicolores. Espèce rare dans le Parc National de la Vanoise. Petit sourire quand le premier skieur qui m’accoste me demande comment rejoindre la folie douce ?

Bienvenue à Tignes et n'oubliez pas les 30€ de parking…






Topo

J1 : Tignes-refuge de la Leisse. Rallonge en face Est des Pointes de Pierre Brune.
J2 : Refuge de la Leisse-refuge de la Femma par l’arête Ouest de la Pointe de la Sana et descente en face Sud des rochers de la Sauva (4.2)
La rive gauche du Vallon de la Rocheure propose nombre de rallonges possibles.
J3 : Refuge de la Femma-Tignes par le col des Barmes de l’Ours (A/R possible à la Pointe de la Sana, 3436m) et face Est de la Pointe du Grapillon (4.3)

Les refuges du Parc permettent d’envisager ce raid hors des périodes de gardiennage. Ils sont équipés en gaz, vaisselle, couvertures, bois…
Attendre l’ouverture pour voyager léger.







mardi 19 février 2019

Le Rissiou, face Sud-Est.




Le Rissiou est un morceau de Belledonne accroché aux Grandes Rousses. Le versant Sud-Est, baigné de soleil est épargné par les remontées mécaniques.

J'ai redécouvert ce secteur lors d'une belle sortie poudre aux Rochers Motas en décembre.
Il présente l'avantage d'un départ haut (1400 m), sans plat, ni forêt. 
 


C'est à cette occasion, en regardant les possibilités du secteur que j'ai découvert le topo du Rissiou.
1200 mètres de déniv', 4.1, orienté au Sud-est.
Ça sera parfait pour ce deuxième printemps de l'hiver.

Après un raid dans les Pyrénées avec 4 copines du Gfhm, aujourd'hui les deux seules motivées étaient Élise et Maeva. A croire que l'homme en montagne est une espèce en voie de disparition.
 


L'itinéraire classique ne débouche pas au sommet véritable mais sur une antécime plus basse de quelques mètres. Finalement rares sont ceux qui foulent la cime du Rissiou... 



Les 42° sur 200 mètres passent bien à la descente, en zigzaguant rive droite puis rive gauche pour éviter le milieu de la face plus chaotique.
Vers 11h30, c'était la bonne heure.
 


Plus bas, c'est la fête de la moquette jusqu'à la voiture...







lundi 18 février 2019

Carros de Foc, Tour des Encantats


Si vous êtes pas trop littérature, le teaser ici


Les vacances commencent vraiment lundi soir à Vielha autour d'une assiette de pinchos accompagnée d'un zurito.
Ca va mieux, les 7 heures de route sont déjà oubliées.



Le programme de la semaine c'est Carros de Foc. Cinq jours de ski dans le parc national d'Aigüestortes plus connu par chez nous comme le tour des Encantats.


J1: bout de la route d'Arties à refugi Ventosa
630<D+<1800m selon les rallonges.




La météo a prévu grand beau à partir de mardi, jour du départ, mais on commence par deux heures dans le frigo au fond de la vallée de Rius. 


 
Le soleil apparaît à la sortie de la forêt peu avant le refugi dera Restanca.



En tee-shirt bien posé au soleil, un morceau de tortilla dans la main, le groupe se rappelle les pique-niques debout dans froid polonais, et on se dit qu'on est bien là. 



 Les filles laissent quelques affaires pour faire un A/R au Montardo. Le sommet du jour, 2833,1 mètres avec une vue à 360° sur un paquet de sommets inconnus. C'est beau les Pyrénées.



Pendant que Cha, Sev et Amel redescendent vers le refugi Ventosa, nous montons avec Jojo au petit Montardo par le couloir Sud (Miro). La neige bien réchauffée rend la pente plus douce.

Allez plus que trois lacs à traverser pour arriver au refuge. Pour notre première soirée en Catalogne, le gfhm est bien reçu.
Soupe, grosse salade verte, polenta-saucisse, dessert et fin de soirée dans le canapé au coin du poêle.


J2: refugi Ventosa à refugi Estany Llong
800<D+<1300m 



Tout avait pourtant bien commencé avec un petit dej' de champion. Confitures, fromages, charcuterie, miel, thon, sauce tomate, sobrassada, différents pains et céréales...



Et pourtant, c'était plutôt la matinée de la guenille. Pour bien commencer, je mets le pied dans l'eau lors de notre première traversée de lac de la journée. Un peu plus loin, le groupe découvre (trop tard) comment fonctionne Catalunya Offline, notre appli de carto. On s'en rend compte forcément alors qu'on n'est pas parties dans la bonne direction.



Après, quelques montées, descentes, traversées, les filles rejoignent ce qu'on pense être l'itinéraire de montée de la punta Alta de Comalesbienes. Et là, Charlotte qui a topoté nous explique qu'on n'est pas dans le bon vallon.
Pas grave, les filles montent jusqu'à la crête sous la Punta Alta pour s'apercevoir que ça manque de neige. Les 100 mètres à pieds décrits par le topo pour aller au sommet ressemblent plutôt à 200 mètres de mixte qui s'annoncent pas simples.



On signe le but pour profiter d'une descente plutôt meilleure qu’imaginée.
Après le pique-nique, on arrête les conneries. 



La montée au collet de Contraix passe nickel sans crampons. 


 
Pas besoin de main courante de l'autre côté, comme décrit dans le topo. Tout va bien. En zigzaguant les filles skient de la bonne moquette.



Forcément plus bas, la neige a un peu chauffé. Simon devant la porte de sortie, une traversée de rivière plutôt aléatoire. 



Le refuge Estany Llong est juste pour nous ce soir et heureusement, vu la température Amel a privatisé la place devant la cheminée.


J3: Refugi d'Estany Llong à Refugi d'Amitges
650<D+<1300m selon variantes

Moyennant un sandwich de 7 ou 8 couvertures, la protection contre le froid du dortoir et l'humidité du matelas est assurée. Heureusement, car ce matin le thermomètre extérieur indique -10°C et la journée commence à plat. Ça picote au bout des doigts.



Petit point carte au niveau de l'Estany (lac) Redó. L'itinéraire semble compliqué de ce côté pour le Gran Tuc de Colomers.



Pas de guenillage aujourd'hui, Sev' arrive vers le Pic del Portarró, le sommet du jour à 2734m. Une belle pente plein Sud de 300 mètres à 35°. 



La descente sera en moquette tondue, la faute à un petit vent frais qui empêche la neige de décailler complètement. 



Plus bas, on passe au Mirador de l'Estany avec une vue superbe sur l'Estany de Sant Maurici dominé par la célèbre face nord des Encantats.



Après un pique-nique sous le cagnard, le Gfhm arrive au refugi d'Amitges en passant 
par une jolie forêt de pins. Le refuge est au pied des Agulles d'Amitges, deux flèches de granit qui invitent à l'escalade. 



Les filles terminent la journée par la boucle autour des Agulles pendant que je me réfugie à l'ombre. J'ai mon cota de soleil pour aujourd'hui.
La balade est belle et la moquette un peu longue.
Ce soir, c'est changement d'ambiance par rapport à hier. Douche chaude, pas mal de monde au refuge et projection après le repas. Y'a de l'ambiance. Bonne St Valentin !!


J4: Refugi d'Amitges à Refugi de Saboredo
500<D+<1100m

Aujourd'hui sur le papier c'est une petite journée, seulement 500 mètres de dénivelé pour basculer sur le refugi de Saboredo. Mais qui dit petite journée, dit variantes.



On a tout le temps d'imaginer les lignes de fissures dans les Agulles en remontant la Coma d'Amitges. 


 
Le Pic de Saboredo est le premier sommet du jour à 2830 mètres. La face Est a pas trop pris le soleil et est restée poudreuse. 



Après cette première bonne descente, les filles remontent le couloir Sud du Pic d'Amitges. Une belle ligne encaissée qu'on a pu observer du refuge.



La fin de la montée se fait skis sur le sac. Le haut n'a pas vu trop le soleil et se skie plus ou moins détendue en dérapage. Plus bas, le soleil nous offre une belle moquette. 



Un pique-nique suivi d'une bonne pause et le Gfhm termine l'exploration du secteur par l'épaule Sud du Pic de Saboredo. Une belle pente suspendue mais en neige un peu lourde.
Le groupe a bien fait de profiter de ce versant pour faire du bon ski car la redescente de l'autre côté du col sur le Refugi de Saboredo est moins skiante. De la poussette sur les lacs, un peu de zigzag entre les cailloux, quelques bons virages et un cinquième repeautage pour arriver au refuge. 

Le refuge est assez original. A moitié enterré sous la neige, les dortoirs dans l'extension construite récemment sont lumineux alors que la salle à manger dans le refuge originel n'a pas de fenêtres.
Mais plus que les fenêtres, ce qui est important c'est ce qu'il y a dans l'assiette. Et une fois de plus, le filles ne sont pas déçues. Le concerto pour ronflements de la part de nos compagnons d'un soir est lui aussi remarquable.


J5: Refugi de Saboredo à Arties
700<D+<900m



Dernière étape du raid avec deux cols de prévus, un peu de distance et sept heures de route derrière. On verra en chemin si il y a des belles pentes à skier.

Le Gfhm fait la trace aux papas basques pour monter au Coth deth Tuc Gran de Sendrosa. Et ouais les gars, il y a pas beaucoup de filles dans les refuges espagnols mais elles assurent.

Bonne surprise, il reste un peu de poudreuse à l'ombre de l'autre côté. Avant une mauvaise partie en croutée dans la forêt.



Cha nous trace la montée du Tuc de Salana. Une belle pyramide en neige que l'on a repérée du Coth deth Tuc Gran de Sendrosa. Ça sera le dernier sommet du raid. Malheureusement, une fois au pied il faut changer les plans. Les trois quarts de la face Est sont partis avec une plaque. Ça serait malvenu de skier le morceau restant.


 
 Sev' descend en face Sud-Ouest et c'est déjà bon. On est le 16 février et c'est le printemps.
Plus bas, les filles récupèrent une piste salvatrice. Parfait pour éviter les forêts pas assez enneigées, les cailloux et la neige trop molle.

Reste plus qu'un peu de poussette en fond de vallée et le Gfhm arrive skis aux pieds à la voiture. Ce qui vu la température digne d'un mois d'avril, fait plaisir.



Et voilà, cinq jours ça passe vite quand on rigole. Merci les filles.
 Et c'est où les prochaines vacances ?



Rubrique pratique

Carto
Bonne appli de carto hors-ligne, plus détaillée que la carte papier et gratuite.
Catalunya Offline, charger la carte 42, Parc National d'Aigüestortes.



Refuges
Ventosa : 52 euros demi pension
Estany: 39 euros
Amitges: 52 euros
Saboredo: 48 euros

Réservation en ligne sur refusonline.com 
Électricité et parfois douches dans les refuges.




Variantes
Les étapes sont plutôt courtes mais les possibilités de variantes multiples. Sommets, couloirs, ski de fond sur le lac...

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