Le
tour de la Sana, c’est un raid à skis de trois jours dans le Parc
national de la Vanoise au départ de Tignes.
Les
dénivelés de la boucle de base sont raisonnables, moins de 1000m
par jour, mais avec un peu de distance.
Le
tour peut être pimenté avec des variantes alpines, raides ou les
deux.
Pour
nous, ce sera le tour de la Sana par les belles pentes...
On
ne peut pas dire que le début de la première journée ait été très
palpitant.
Parking
gratuit complet, montée sous un télésiège puis le long d'une
piste bleue qui n'en finit pas. Le tout avec un sac qui a du mal à
se faire oublier.
Arrivés
au col de la Leisse, le groupe tourne le dos à Tignes pour rentrer
dans le parc National de la Vanoise. Changement d'échelle,
changement d'ambiance.
L'imposante
face Sud-Est de la grande Casse se découvre juste avant l'arrivée
au refuge de la Leisse. C'est sympa les refuges non gardés, parce
que c'est toujours la surprise quand on arrive. Est ce que le gaz
fonctionne ? est ce qu'il y aura de la vaisselle ? des couvertures ?
du bois ?
Comme
prévu les refuges du Parc sont au top, gaz, vaisselle, couverture et
le luxe, il y a même de la lumière.
La
montée au col de Pierre Blanche nous fait hésiter. Ça a beaucoup
soufflé et la neige est irrégulière. Ça sent les virages carrés.
Du refuge, la face Nord-Est des Pointes de Pierre Brune nous faisait
de l’œil. On trouve une poudreuse inespérée en remontant dedans.
Cette
première descente nous sauve la journée. Et en choisissant le bon
itinéraire, Cécile fait voler la poudre jusqu'à l'altitude du refuge.
Dernière
petite remontée avec une belle lumière du soir, c'est l'avantage
d'arriver à 17h30 !
Mais
la journée n'est pas finie. Il faut faire fondre de la neige,
allumer le poêle et couper le saucisson.
La
lune se couche et le soleil se lève. C'est l'heure de se mettre en
route.
On croise des vieilles traces en montant vers la Pointe du
Charbonnier, mais personne à l'horizon.
Juste nos godilles de la
veille. Encore quelques conversions au frais sur le glacier de la
Leisse pour rejoindre l'arête Ouest de la Pointe de la Sana.
Yann passe du frigo au four. En tee-shirt à 3300 un 21 février.
Tout est normal.
L'arête est belle, facile mais esthétique et a juste été parcourue
par des animaux. Cécile, Véro et Yann suivent leurs traces skis sur le sac et crampons aux
pieds. L'altitude freine la progression mais on a tout le temps de
profiter d'un panorama du Mont-Blanc à la barre des Écrins.
On
a aussi bien le temps de regarder la face sud des rochers de la Sauva
à notre main droite. Une belle pente de 250 mètres qui plonge à 40°.
J'y
plante mon bâton de temps en temps et ça a l'air plutôt bon.
Petite
hésitation à l'antécime de la Sana. Summit ? Face Sud ? Face Est ?
Qui
veut faire quoi ?
Les
premiers virages confirment notre bon choix. La face sud est en
bonnes conditions.
La
neige transformée comme il faut.
C'était
pas du tout prévu mais le timing est bon.
Un
petit crochet en bas de la face pour éviter les barres et y a plus
qu'à se laisser glisser jusqu'au refuge le sourire aux lèvres. En
plus d'avoir utilisé tout le matos qu'on avait dans le sac :
baudrier, crampons, piolet et corde. On vient de rider une belle
ligne.
Forcément
après ça, c'est dur de repartir. D'autant que les alentours ont l'air bien soufflés. Et puis on est tellement bien calés
au soleil sur la terrasse du refuge.
Mieux là qu’à Pôle Emploi, hein Seb !
Plus
de monde et moins de lumière ce soir au refuge mais le poêle crépite et l'ambiance est
bonne. L’équipe trouvait les sacs pas
légers, mais a priori, c’est toujours mieux que les Hollandais qui
portent de quoi planter la tente sur la neige ou les snowboardeurs
qui ont préféré le pinard à la nourriture.
Ce
matin, c’est réveil en douceur. La trace est faite, le soleil nous
réchauffe rapidement, la pente est régulière.
Le
plan, c’est de monter au col des Barmes de l’Ours et de basculer
en Nord sur le glacier du même nom.
Hier,
on avait délaissé la Pointe de la Sana pour la belle face Sud des
Rochers de la Sauva. C’est pas aujourd’hui non plus, qu’on ira
au sommet. Trop de vent.
La
journée continue en pente douce sur le glacier. En zigzagant, il
reste de la poudreuse.
Au
moment de remettre les peaux, je ne suis pas le seul à loucher sur
la face Est de la Pointe du Grapillon. Ça a l’air beau cette
affaire. Plus court (150 mètres) mais plus raide qu’hier (un bon
45). Allégés de quelques chaussettes sales, on remonte cette belle
face entourée de deux éperons.
Quand
ça ne passe plus à ski, Yann les met sur le sac et c’est parti pour
200 mètres à pieds. L’ambiance est là, le vide se creuse.
Il
y a comme de la tension dans l’air au moment de chausser. Vu du
haut, ça fait de belles lignes de fuite.
Mais finalement, chacun
dans son style, tout le monde assure dans la descente. Bravo à
tous !
Gros
pique-nique au soleil, plus bas que prévu, à cause d’un ski qui
ne voulait pas arrêter la descente ici.
De
là, on rejoint la civilisation mécanisée et ses vagues de skieurs
multicolores. Espèce rare dans le Parc National de la Vanoise. Petit
sourire quand le premier skieur qui m’accoste me demande comment
rejoindre la folie douce ?
Bienvenue
à Tignes et n'oubliez pas les 30€ de parking…
Topo
J1 :
Tignes-refuge de la Leisse. Rallonge en face Est des Pointes de
Pierre Brune.
J2 :
Refuge de la Leisse-refuge de la Femma par l’arête Ouest de la
Pointe de la Sana et descente en face Sud des rochers de la Sauva
(4.2)
La
rive gauche du Vallon de la Rocheure propose nombre de rallonges
possibles.
J3 :
Refuge de la Femma-Tignes par le col des Barmes de l’Ours (A/R
possible à la Pointe de la Sana, 3436m) et face Est de la Pointe du
Grapillon (4.3)
Les
refuges du Parc permettent d’envisager ce raid hors des périodes
de gardiennage. Ils sont équipés en gaz, vaisselle, couvertures,
bois…
Attendre
l’ouverture pour voyager léger.