dimanche 1 septembre 2019

Granit sans glacier à l'Aiguille d'Orny et au petit Clocher du Portalet



 Le granit sans les glaciers, c'est le titre d'un article dans le dernier Montagne Magazine spécial Mont-Blanc. Il décrit quatre propositions de deux courses à la journée qui s'enchaînent bien pour rentabiliser les approches avec pour fil conducteur, une belle escalade, de belles vues et l'absence de glacier en sortant un peu des sentiers battus. 



Bien pratique en fin de saison quand les rimayes s'ouvrent et les glaciers deviennent moins fréquentables. En plus, contrairement à leurs habitudes, la rédaction n'a pas rajouté 30 pages de guide matos qui ressemblent plus à un catalogue du Vieux Campeur qu'à un "vrai" test.



 Au programme du premier jour, on prend le télésiège à Champex pour gagner une heure de montée. Mais il en reste encore deux pour rejoindre la cabane d'Orny. Le sac allégé, on rejoint le pied de Gérémiade en une grosse demi-heure.  



Loin d'être "une plainte sans fin qui importune", la voie suit une ligne de fissures et dalles homogène dans le 5c/6a. Malgré deux longueurs qui cassent un peu l'ambiance, la grimpe est belle et le final dans un beau granit orangé, remarquable. La voie a été rééquipée en 2015 et les friends sont utiles uniquement si on est juste au niveau.
Bravo à Amel qui s'est mis des beaux combats en tête.



Ils sont marrants les suisses. "On n'a pas l'habitude chez nous des hors-sac" me dit le gardien du refuge d'Orny en me montrant le coin de table dans un couloir où je pourrai cuisiner. Par contre, ils ont l'habitude de rajouter une taxe hors-sac de 5 francs au prix de la nuitée en précisant bien qu'ils ne fournissent ni vaisselle, ni gaz...



C'est pas ça qui m'a empêché de dormir. Ce qui a rendu ma nuit agitée, c'est plutôt la voie du lendemain qu'on prévoyait de grimper avec Germain, suivis par Andréa et Thomas.
Le chic, le chèque le choc est décrite dans le topo suisse comme "une superbe ligne de dièdres et fissures agrémentée de quelques passages techniques en dalle. La plus belle voie de la face Sud."
"Longueurs soutenues, toutes plus belles les unes que les autres" annonce camp to camp.
200m ED- 6c max P2 (équipement à compléter).



Et puis le petit clocher du Portalet, c'est un mythe dans le monde des grimpeurs. Une proue qui domine le Val Ferret suisse, trois faces grimpables, des fissures jusqu'au 7c à protéger, une approche compliquée et un ticket d'entrée à TD+. Des bonnes raisons pour se retourner dans son lit une partie la nuit. 


 
On pourrait croire qu'avec tout ce que j'ai grimpé cet été, j'ai une forme du feu de dieu. Mais après ces deux mois denses en varappe, il y a aussi une fatigue qui s'installe tranquillement. Une mauvaise nuit et 15 grandes voies remarquables en montagne dans les pattes, je ne peux que constater un manque de niaque pourtant nécessaire pour grimper les trois 6c de la voie. J'ai bien compris au pied de la première longueur dure que Germain allait passer devant. Et pendant qu'il les enchaînait à vue, je perdais progressivement mon éthique dans un mélange de libre et d'artif. Même si c'est pas mon style de prédilection (#excuseà2balles), ces longueurs étaient magnifiques mais sacrément exigeantes avec quelques pas bien pimentés les pieds à plats...



Je retrouve un semblant de forme pour me mettre un combat dans le dièdre en 6b



 et pour le dernier 5c une "longueur surprenante" avec un passage en cheminée.

 

Après tout ça, la bise à la vierge n'en est que plus appréciée !!
Sacré clap de fin pour un été bien chargé. 
Maintenant on range le sac à dos pour sortir les sacoches, on échange le Camel pack contre une bolée de cidre. Direction la Bretagne pour une tournée des potes en vélo.

Une pause méritée avant de nouvelles aventures...