samedi 29 août 2020

Ethique de la joie à la Dibona

 

Je dois avouer que j'ai pris bien du plaisir à grimper le pilier NE aux Bans avec Loïc, le week-end dernier. Et même si c'était en chaussures d'approche et en corde tendue, ça m'a redonné envie d'escalade cette affaire. 

Ça tombe bien, on était dispo avec Amel le week-end suivant et il faisait beau. 


Reste plus qu'à trouver la voie. 

J'aime bien ce blog de guides Suisses. Ça donne des idées de courses dans des coins qu'on connaît moins. Et voilà que je tombe sur un article récent décrivant une ligne bien d'chez nous, Danse avec le pilier sur l'Aiguille orientale du Soreiller. Une voie magnifique que j'avais grimpé avec Germain.

 

 

L'article parle d'une autre voie grimpée dans le week-end, Éthique de la joie en face Est de la Dibona. Tout aussi belle. Un coup d'oeil rapide au topo, 8 longueurs, 6a+ max. 

N'ayant pas grimpé en salle, ni en falaise au cours des 8 derniers mois, se pose la question de mon niveau actuel d'escalade... 

Mais sans aucun entraînement, les pas durs des 3 courses d'alpi estivales (Purtscheller, arête du soleil et pilier NE aux Bans) sont plutôt bien passées, alors 8 longueurs, ça devrait aller? Une descente déconseillée mais possible en rappel dans la voie confirme ce choix. 


On fait le choix de faire la voie à la journée pour profiter du festival les Endimanchés à St Pierre de Chartreuse samedi soir. Ça promet une bonne journée dimanche, la route, l'approche, la voie, la redescente et la route du retour.

La première longueur donne le ton, 5C 42m 6 goujons. Le soleil brille, la grimpe est belle, le rocher solide et sculpté mais ça ne déroule pas, il faut regarder ou poser ses pieds et les longueurs font toutes au moins 40 mètres.

 

Comme je l'avais évoqué plus haut, un coup d'oeil rapide au topo donne 8 longueurs 6a+ max mais quand on lit un peu plus en détails, on remarque que la voie fait 330 mètres pour 8 longueurs, que les 6a sont contis et que malgré la nouveauté de la voie, les V sont de bon vieux 5 d'antan: en résumé cotations serrées comme sa voisine Visite Obligatoire. Le topo conseille d'avoir un peu de marge car les pas sont souvent obligatoires et les points espacés.

Bref, au premier relais, on comprend rapidement qu'au mieux la journée va être longue et qu'au pire ça sera la descente en rappel. En escalade, comme dans la vie, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuée.

 

Alors on prend chaque longueur une par une. On redécouvre la recherche d'itinéraire, la gestuelle dictée par le rocher et le plaisir de l'escalade sur le granit. 

Mais aussi les petits moments d'hésitation sur le mouvement à faire dans le pas dur, les prises de pieds qu'on aimerait plus marquées, les avants-bras qui commencent à tétaniser et le doute sur notre capacité à faire le prochain mouvement. 

En résumé, l'escalade, c'est beau mais c'est dur. Je suis pété, nom de Dieu, je vais lâcheeeeeeer !!

J'aime ce moment où, complètement focalisé sur l’enchaînement de mouvements que l'on est en train de réaliser, tellement concentré, qu'on en oublie le vide, le dernier point clippé, le mal aux pieds, le sac...

 


On donne tout ce qu'on peut pendant ces quelques secondes en apesanteur. Pour un grand soulagement une fois le crux passé. A ce titre, on se souviendra des petits pas coquins des deux premiers 6a+, de la belle écaille de L5 et des fameuses fissures rondes de L6 dont tout le monde parle dans les compte-rendus. Savoir verrouiller peut aider mais c'est pas cadeau pour autant !!

On arrive complètement cramé en haut de la dernière longueur dure. Heureusement qu'il n'y en avait pas une de plus. Cramé mais heureux de cette voie magnifique. Heureux car le but n'était pas loin.

Après 2 longueurs faciles mais embouteillées, deux rappels, un peu de désescalade et de marche, on arrive au refuge à 19h affamés. Un grand merci à la gardienne qui nous a servi un plat du jour délicieux et apprécié avant les 2 dernières heures de descente.

 


Départ à 5h30 de Grenoble, retour à 23h. C'était la belle bambée de l'été qu'on est pas prêt d'oublier. Bravo à Amel qui ne débordait pas d'énergie au réveil mais qui a assuré jusqu'au bout !!

 

 

 

 

 

 



lundi 17 août 2020

Un Banse au pilier NE des Bans

 

 -"Et combien de temps vous pensez mettre" ?

C'est LA bonne question que nous posent les voisins au diner ce soir à la table du refuge de la Pilatte.

 


-"Bonne question, je leur réponds, il suffit d'additionner les temps donnés par le topo"

-"Pour l'approche, la montée au sommet N, la traversée au sommet S, la descente de la voie normale et le retour au refuge par le glacier, la fourchette basse donne 2h+4h+30min+1h30+2h = 10h. La fourchette haute 2h30+6h+1h+2h30+3h = 15h".

Sachant qu'à la mi-aout, le glacier de la Pilatte n'est pas une autoroute, que les pauses, les temps de cramponnage/décramponnage ne sont pas comptés et qu'il faut rajouter 2 bonnes heures du refuge à la voiture...

J'avais dans l'idée que ça allait être une belle bambée, mais à cet instant, cette petite addition me le confirme.  

 

Heureusement après nous avoir conseillé sur l'itinéraire glaciaire pour accéder au pilier, la gardienne nous offre un diner bien copieux.

Au vu de la journée qui nous attend, le réveil à 3h n'est plus si choquant. Il y a du monde debout, on est trois cordées pour le pilier NE.

 La moitié basse du glacier est en glace vive et comme dans mon souvenir, assez tourmenté. Sur les bons conseils de la gardienne, on prend pied sur l'éperon rocheux pour arriver au dessus de la grande cascade. Quelques petites sections plus raides en glace vive, montrent les limites de mon système chaussures d'approches et crampons hybrides. En pointes avants, dans la glace dure, c'est un peu light...

 

La suite déroule doucement, contournement de crevasses, demi-tour, passage d'un pont de neige light. Pas aidé par une nuit d'encre, on arrive au pied du pilier NE des Bans à 6h. Étant donné l'état du glacier, l'attaque est plutôt confortable. Toute la quincaillerie installée au baudar, je passe facilement d'une petite plate forme de neige au rocher.

Les premières longueur me font regretter mes mitaines, mais ça ne rend l'arrivée du chauffage que plus agréable et heureusement le pilier prend les premiers rayons du soleil.

 

Comme annoncé par le topo, le rocher est magnifique et surprenant de solidité pour le massif. La grimpe, avec de bonnes prises de pied est très agréable en grosses. L'itinéraire assez logique, suit majoritairement le fil, avec quelques détours pour éviter des sections trop dures. Pas besoin de sortir le topo toutes les 5 minutes savoir si on est au bon endroit.

 

La fluidité de notre cordée avec Loïc rend l'escalade très agréable. Encordé à 30 mètres, on tire des grandes longueurs en corde tendue. Après 60 à 80 mètres de grimpe, le second a récupéré tout le matos et repars naturellement devant. Ces moments en second sont aussi agréables car ils permettent de grimper détendu sans se demander ou placer un friend car le dernier commence à s’éloigner ou de profiter du paysage sans se poser de question sur l'itinéraire. 

 

Ça déroule tellement bien qu'on arrive au sommet N en un peu plus de trois heures.

A 3669m, un Banse aux Bans, ça c'est fait ! Bien heureux de fouler ce sommet un peu délaissé des Écrins pour la première fois.

 

Souvent l'arrivée au sommet, signe la fin des difficultés mais pas aujourd'hui. C'est l'originalité de cette course. Le pilier n'est qu'une partie du programme. La suite, c'est une traversée d'arête jusqu'au sommet S. Pas difficile mais il faut rester attentif car le rocher est moins béton. Une cordée hétérogène peut commencer à perdre du temps. 

 

La descente de la voie normale qualifiée de "descente pas facile" par le topo reste dans le même thème, recherche d'itinéraire et désescalade. L'homogénéité de notre cordée, nous permet de ne pas tirer de rappels. Ça avance mais ça déroule moins qu'à la montée, les protections s'espacent parfois et même si l'itinéraire emprunte le meilleur rocher de l’éperon, on reste dans les Écrins... 

Comme on n'a qu'un brin de 50m, on continue encore un peu l'arête jusqu'à rejoindre la neige au col de Pilatte.

Ouf de soulagement. La course n'est pas finie mais cette descente était un morceau un peu sous-estimée ! 

Le retour par le glacier est beaucoup plus simple de jour. Mais la vue de certains ponts de neige sous un autre angle n'aide pas à se détendre. On est content de passer là à 13h et pas trois plus heures plus tard.

La perspective d'une bonne pause et d'une omelette au refuge nous donne du courage pour terminer cette descente qui inclue aussi une remontée d'échelles. Ça pique pas autant qu'après une belle journée autour de la mer de glace mais ça en a un petit goût !!

Totalement requinqué par une belle tortilla, les deux dernières heures pour rejoindre le parking sont longues mais sûrement moins que pour les autres cordées qui arriveront au moins 3 ou 4 heures plus tard...


bon topo mais vu l'état du glacier la photo date un peu...






vendredi 14 août 2020

L'été, c'est canoë

 


Ok c'est pas les gorges de l'Ardèche. Mais partir de l'appart à vélo pour faire la descente de l'Isère en canoë, c'est quand même sympa !

 


Et puis c'est pas tous les jours qu'on peut aller au bistrot en canoë, alors arrivé au centre ville, on n'a pas laissé passer l'occasion.

Le parcours entre le Bois français et le pont d'Oxford fait 20km et avec le courant dans le dos, ça passe crème.

 

Comme l'impression d'être en vacances.

Une façon de découvrir Grenoble sous un autre angle et un bon plan anti-canicule proposé par l'Aviron Grenoblois !