mardi 11 février 2020

Les faces Sud du Queyras.


Quand tu me dis Queyras, je pense retour d'Est, mélézin et surtout poudreuse. Parfois beaucoup de poudreuse, parfois trop de poudreuse. Comme lors du camp GUM de l'hiver dernier où c'était compliqué de trouver des idées de sortie par risque 4 ou 5. 
Avec une telle quantité de neige fraîche, toute sortie hors forêt était inenvisageable, trop de pente signifiait danger, pas assez et tu restais scotché. Les cascades étaient noyées sous la poudre et même en ski de fond on brassait trop...

Bref, il y a moins de neige que l'an dernier mais on va pas s'en plaindre.
Pour ce premier jour, nous visons le Pic du Fond de Peynin en boucle par le col de Peyre Nière. Pour rejoindre ce dernier, la première pente est orientée au Sud. Et là, aïe, aïe, aïe... C'est pas terrible. Mélange de neige dure et zones de neige fraîche déposée par le vent. Bon, on garde le moral en se disant que ça sera meilleur sur l'autre versant. Nos espoirs de poudreuse s'envolent lors de la première descente en Nord dans le vallon de Rasis. Il y a quelques bons virages dans le milieu mais le tiers du haut a été travaillé par le vent et le bas a souffert du redoux...



C'est pas le genre de la maison, mais on traverse dès que possible pour ne pas descendre trop bas. Nous voilà donc au pique-nique avec un espoir de faire du bon ski proche de zéro. Mais le temps de croquer dans un sandwich, le petit voile qui nous accompagnait depuis ce matin se disloque tranquillement. Pendant que nous montons au Pic du Fond de Peynin, la neige a le temps de chauffer et la descente est agréable entre poudreuse dans les contre-pentes et moquette au soleil. C'est d'autant plus apprécié qu'on s'attendait à skier de la tôle.



Quand t'as besoin d'une idée de sortie, pas besoin de fouiller skitour pendant des heures, il suffit de demander à Toz. Alors pour demain, je voudrais une belle face Sud avec de la pente pour que ça transforme.



C'était marqué sur la porte de la chambre mais je ne connaissais pas. 
Le Bric Froid c'est le troisième sommet du Queyras à 3300m, 1300m de face, 4.1 avec un final de 150m à 40°.



Ça semble parfait, sauf que la face n'est pas très enneigée cette année et il y a un doute sur la deuxième étroiture. On tente malgré l'incertitude. Il suffit juste de convaincre François, le gérant du gîte (un peu beaucoup bourru) de se lever une heure plus tôt pour nous faire le petit dej' à 6h.



Nous ne regrettons pas notre choix. A la montée, la première étroiture passe à skis en zigzaguant entre les cailloux. Il fait bien chaud dans la face, alors pour se rafraîchir, il suffit de penser aux copains qui sont en cascade à Ceillac.


 
 On chausse les crampons au pied du deuxième verrou.



Passé 3000, le rythme ralentit mais nous arrivons tous les 6 au sommet à 3302m avec le sourire. Le Bric Froid, c'est le genre de sommet qui se voit de loin, forcément la vue est panoramique. 



Le temps d'un petit pique-nique et la face Sud est transfo à point. La meilleure neige sera dans la portion la plus raide (un petit couloir à 45°). Une moquette toute douce et la pente passe mieux.
Plus bas, un petit couloir nous permet d'éviter les cailloux de la première étroiture. Et il reste encore 700m de moquette jusqu'à la rivière, le groupe peut se lâcher mais aussi faire fumer les cuisses !



Un verre et une barquette de frites en terrasse à Abriès viennent clôturer cette belle journée.



Vendredi, je propose de monter au refuge Agnel en skating. Les motivés signent pour 7.5km de montée pour 500 de déniv'. Malgré une petite erreur de calcul, la team collant arrive au col Agnel après 12.5 km de montée et 750 de déniv'. Chacun son style, mais tout le monde s'est bien donné !!


 
Bravo à tous.
Comme hier, après l'effort, le réconfort est bien apprécié sur la terrasse du refuge Agnel.
Nous découvrons à la descente qu'on peut aussi faire chauffer les cuisses en ski de fond !!



Le soleil est de retour dimanche. Il y a un autre sommet qu'on voit de tout le Queyras, c'est le Pic de Rochebrune, deuxième sommet du massif. Une belle pyramide de neige et de rocher. Je serai bien tenté par le couloir SW du sommet Sud (tracé rouge), malheureusement météoparapente prévoit un vent de SW forcissant en fin de matinée. La ligne a l'air majeure, mais je n'ai pas bien envie de skier un couloir en 4.3 qui risque de ne pas décailler. Et je vais avoir du mal à trouver des motivés... 
Il va falloir se mettre à l'abri du vent si on veut skier de la moquette.



Skitour décrit le triangle SE de l'antécime SE comme "un très bel itinéraire où on évolue sur la fin du parcours dans un magnifique cirque de tours rocheuses et de falaises stratifiées, avec une belle pente régulière sur plus de 400m de dénivelé." 
Vu comme les versant Sud sont secs, j'avais bon espoir de pouvoir monter en voiture au hameau du Rouet. Mauvaise nouvelle la piste est sous la neige, on gagne 1 bon km de faux plat. Bonne nouvelle, la neige est là en continue après le premier virage et on chausse à 100 mètres de la voiture.
 J'ai comme l'impression d'avoir les oreilles qui sifflent sur la piste qui monte (doucement) à la bergerie de Péas. 
"Oui, on va pas dans le Queyras pour se taper la piste de Prabert..."
La vision du grand vallon de Péas, sans un skieur à l'horizon, met tout le monde d'accord. 
Le soleil vient nous réchauffer et on est bien content de découvrir le Queyras sauvage, même si ça se mérite.



Le triangle SE est maintenant visible, mais comme le Queyras sauvage se mérite, il faut faire la trace. Et le quatrième jour, ça ne se bouscule pas... C'est vrai que le cirque de tours rocheuses et de falaises stratifiées est magnifique. Le vent est léger, ce qui nous permet de pas crever de chaud et de ne pas se presser en prévision de la descente. Ça s'annonce bien ma foi.
On me dit dans l’oreillette qu'il ne fait pas assez chaud, que ça ne va pas transformer. Je dis: "C'est toujours la même qui râle ? Attends un peu, voir..."



 Grâce à une vieille trace, la montée finale passe bien à ski jusqu'à quelques dizaines de mètres sous le collu. Le groupe termine à pied jusqu'à l'antécime. Le sommet est étroit et le vent souffle fort, bref on ne s'attarde pas là-haut !!



Plutôt que de trainer au collu qui est bien ventilé, nous plongeons dans la face SE. Le topo annonce 4.1, 40° sur 50 mètres puis long 35°. La moquette un peu lourde en haut, s'améliore dans la deuxième moitié de la face. Ça skie en grandes courbes.



Aujourd'hui pas de terrasse alors la récompense sera les 500 derniers mètres de descente jusqu'à la rivière. Une neige parfaite, alternance de moquette et de poudreuse légère. On peut skier vite et fort. Comme l'impression de pouvoir s'exprimer.
Les plus belles courbes de ce début d'hiver.



Moyennant quelques déchaussages et poussées de bâtons, nous arrivons à proximité des Meyries où sont garées les voitures. Il fait chaud, les environs sont déneigés, ça sent le printemps. Normal, on est le 9 février... 



Merci à Sylvain pour l'orga et merci à François pour son accueil et sa bonne humeur de bon matin.
 Enfin que si le gîte de Ceillac ne veut pas de nous !!


























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